Je suis journaliste, correspondante à Beyrouth pour plusieurs médias depuis 2012. Je vais quitter le Liban, j’ai mille et une raisons de le faire et peut-être mille raisons de m’en réjouir. Je vais pouvoir traverser la route sans risquer d’être renversée par un chauffard, téléphone dans une main, cigarette dans l’autre. Je vais disposer d’électricité et d’eau 24h/24 et pouvoir avoir une conversation Skype avec vidéo intégrée. Un luxe dont on apprend à se passer ici.
Une nouvelle vie m’attend, mais quelque chose me chiffonne et me frustre dans mon départ : à 27 ans, je retourne chez mes parents et je laisse derrière moi des correspondances pour des médias renommés, un réseau que j’ai construit pendant trois ans et un pays que je prenais plaisir à couvrir. Tout cela, car à 27 ans, je ne vis pas de mon métier. Je travaille pour plusieurs rédactions. Les principales, peu nombreuses, respectent mon travail, m’écoutent, et ont un réel intérêt pour l’actualité internationale. Je n’ai jamais eu avec elles le moindre problème d’ordre éditorial, administratif ou personnel et c’est important de le souligner. Mais dans la conjoncture actuelle, rares sont les journaux/télés/radios qui peuvent se permettre d’avoir un salarié à l’étranger, un correspondant doit donc multiplier les supports. C’est mon travail avec ces autres médias ainsi que les discussions avec des journalistes freelance basés ici qui ont inspiré cette note.
Quand je suis arrivée à Beyrouth, j’étais plus optimiste et peut-être moins exigeante. Les débuts n’ont pas été roses : beaucoup de stress, peu de week-ends en dehors de Beyrouth de peur que «le téléphone ne sonne». Quelques larmes aussi, après des tournages ou montages particulièrement acrobatiques. Mes revenus étaient très aléatoires, je pigeais pour différents médias, souvent au gré de l’actualité. En moyenne, j’ai gagné environ 800 euros par mois pendant trois ans. Le même salaire que lorsque je travaillais 4 jours par semaine en télévision locale avant mon départ pour le Liban. Pour ces 800 euros, j’ai été pendant trois ans joignable 24h/24, 7 jours sur 7 : l’info n’attend pas. Pour ces 800 euros, j’ai été plusieurs fois prise dans des tirs croisés de snipers et une fois pourchassée par un hélicoptère du régime syrien (1). Pour ces 800 euros, j’ai été les yeux et les oreilles de plusieurs médias francophones au Liban. Et avec ces 800 euros, j’ai payé moi-même mon permis de résidence, ma caméra et mon assurance santé. Et bien sûr, mon loyer, qui a triplé depuis 2012 et l’afflux massif de réfugiés syriens dans la capitale libanaise.
Ma situation financière n’est pourtant pas mon problème principal. J’ai toujours su me contenter de peu quand je faisais ce que j’aimais, encore plus dans une ville où le soleil brille 10 mois par an. Ici, de nombreux correspondants acceptent, bon gré mal gré, de travailler avec des revenus similaires (2). Tous ces journalistes prennent quotidiennement le pouls de leur quartier, de leur ville, de leur pays. Les marchands de légumes, les colonels haut placés, les artistes, les cireurs de chaussures : tous sont autant de sources précieuses qui permettent de raconter avec justesse et attachement le pays dans lequel ils ont choisi de vivre.
Nous sommes journalistes de jour comme de nuit, passionnés, mais pas toujours encartés. Oh, ces polémiques sur ces cartes de presse déchirées en pleine émission par des nantis de notre profession? Est-ce utile de rappeler que dans certains pays, elle permet aux journalistes de rester en vie? Au Liban, sans tomber dans cet extrême, le précieux sésame nous permet d’accéder à l’information vive (une scène d’attentat, une ville bombardée à la frontière, une zone militaire…) et nous évite parfois de pénibles interrogatoires. En 2014, je ne l’ai pourtant obtenue qu’en décembre, et en appel. Les modes de facturation imposés par certains médias m’ont bloqué son processus d’obtention, quelle ironie alors que je ne vis que du (et pour le) journalisme.
Nous sommes journalistes, mais nous sommes fatigués. Je ne compte plus les soirées autour d’une bouteille de vin où l’on s’est dit que l’on allait arrêter, ou au moins faire les choses différemment. Je ne compte plus ces anecdotes partagées avec résignation… Tel rédacteur en chef a refusé un sujet sur les réfugiés syriens parce que «ça n’intéresse plus». Tel autre, qui se souvient que tu existes environ deux fois par an et t’appelle de bon matin pour te demander si tu es «disponible pour un direct». Oui oui, dis-tu à moitié endormie en t’attendant à avoir au moins une demie heure devant toi pour préparer ton sujet. «Alors tu es à l’antenne dans 3 minutes» te répond-on en te transférant immédiatement en régie . Tel secrétaire de rédaction aura pour sa part changé le titre de ton article, sans se rendre compte qu’il peut te mettre en danger. A un mot près, tu peux devenir «anti-ci» ou «pro-ça». Un terme mal utilisé, et c’est un contact précieux qui te claque la porte au nez, ou un responsable de la sûreté générale qui y regardera à deux fois avant de renouveler ton visa. «Nous ne sommes pas correspondants aux Bahamas», pour reprendre les mots d’une ancienne collègue que j’estime.
Nous sommes journalistes et nous sommes aussi des fantômes. Certains chefs sont-ils conscients que lorsqu’ils refusent un article sur la Syrie parce que «de toutes façons personne n’y comprend rien», c’est aussi nos sensibilités et nos vécus qu’ils heurtent? Alors, quelle est la limite? Est-ce que 3 ans de professionnalisme et de dévotion sont suffisants pour commencer à dire non? Et à quel prix? Dire non, c’est faire pencher la balance financière vers 700 euros mensuels plutôt que 800. Alors, pour ne plus travailler dans ces conditions, certains sautent le pas. Nous sommes plusieurs à quitter le pays cet été. D’autres suivront, j’en suis sûre.
Nos remplaçants ici? Ils s’useront aussi. Petit à petit, ces voix s’éteindront, étouffées par une information de masse, des dépêches écrites à la hâte, des informations diffusées avant d’être vérifiées. C’est la petite mort des correspondants. Cette agonie peut encore être évitée, par le public en suivant et soutenant les médias qui font entendre nos voix, et par nous en pensant le journalisme autrement. Certains de mes collègues sur le départ envisagent de créer leurs propres médias. Pour ma part, je souhaite rester journaliste indépendante (et donc libre de dire « non ») et me partager entre des piges pour des médias que je respecte (et qui respectent mon travail) et des reportages à l’étranger. Il va falloir réinventer mon quotidien, trouver un nouvel équilibre, et aussi une nouvelle manière de raconter, de témoigner et d’enquêter, en passant quelques semaines dans les pays que je veux couvrir, et non plus en y habitant. La suite reste encore à écrire…
Anaïs Renevier
(1) il est important de souligner que j’ai été confrontée à ces situations dangereuses de ma propre volonté, aucun des médias pour lesquels j’ai travaillé ne m’a encouragée à ces actes, au contraire.
(2) ce constat exclut les quelques correspondants salariés ou envoyés de France par leurs médias. Il existe bien sûr des moyens alternatifs pour vivre du journalisme au Liban en tant que freelance, certains travaillent pour des journaux locaux ou trouvent des petits boulots à mi-temps.
2 Mai 2015 at 11:10
Naïve Anaïs,
Tu travailles pour une industrie qui fabrique de l’info comme le géant vert met du mais en boîte.
Tu es là pour vendre de la pub, avant et après les infos. Le fond n’intéresse plus personne il fait juste remplir, avant les autres et être là, non pas pour raconter qq chose d’intéressant non, juste pour montrer que l’événement ( ou le non événement ) est couvert.
Ta génération de journalistes vit dans le rêve éculé de l âge d’or du reportage et les écoles de journalisme criminelles continuent de perpétuer cette légende.. Comme si tu n’étais pas une ouvrière dans une chaîne de montage… Et des promos de jeunes journalistes sortent des écoles par centaines, juste pour frapper à la porte de pôle emploi ou vivre avec un salaire de caissière à Auchan.
Bref, tu as rêvé ton métier, mais lui a décidé de t’ensevelir dans un trou avec d’autres. Dans ce boulot désormais c’est l’asservissement ou la mort.
Bonne chance
2 Mai 2015 at 5:13
Vous avez tout à fait raison. Tout ce que vous racontez est tellement vrai.
2 Mai 2015 at 9:22
Bonjour ,
Vous dites que le public doit soutenir les médias qui vous emploient (ou plutôt qui vous pressent),mais écouter des radios ou des chaines de télévision qui font que du remplissage (comme l’écrit Jacques) et qui prétendent décrire une situation complexe en 30 secondes ne m’intéresse pas .La presse écrite(une partie) prend le temps de faire des articles de fonds , l’autre partie qui est bien plus importante malheureusement ne fait que du copier coller des dépêches d’ agences de presses.La faute à des directeurs d’éditions qui imposent les diktats des actionnaires et la faute à la population qui ne s’intéresse qu’aux informations proches de leurs domiciles celles ci doivent être servies en quelques secondes.
Bon courage pour la suite
2 Mai 2015 at 10:21
Que ce soit au Liban ou à Montauban, les petites mains de l’info vivent peu ou prou les mêmes choses, les armes à feu en moins, j’en conviens. L’information est un business comme un autre. J’ai déchiré volontairement ma carte de presse de manière symbolique : je ne l’ai pas demandée en 2015. J’arrête les frais avec près de 10 ans d’une précarité tantôt douce, tantôt amère. Marre de voir des patrons de presse et l’encadrement se goberger et donner des leçons tandis que les soutiers précaires galèrent et bossent comme des dingues. Courage à ceux qui ont encore la foi pour faire ce métier. Moi j’ai décidé d’arrêter… on verra bien comment se présentera la suite.
3 Mai 2015 at 1:39
Bob a raison. Tristement raison.
J’ai travaillé 6 ans au Liban, moi aussi pour « les plus grands » mais il n’a jamais été question pour moi d’en vivre. J’avais un boulot à côte, en employée locale. C’est bien triste mais c’est ainsi et au train où vont les choses le fait d’être journaliste sera bientôt plus un hobby , ou une planque, mais pas un métier à proprement parler. « L’asservissement ou la mort » je ne sais pas, mais une activité « de riche », oui. C’est à dire qu’il faut mieux avoir un boulot qui « gagne » à côté ».
D’autant que la liberté de ne pas penser mainstream, rend la précarité encore plus précaire…
Le réalisme ne doit pas vous casser le moral, mais vous permettre de vous organiser autrement.
Beyrouth c’était du petit lait à côté des réalités de la presse.
Courage.
3 Mai 2015 at 2:43
« Tel rédacteur en chef a refusé un sujet sur les réfugiés syriens parce que «ça n’intéresse plus». »
Incroyable …
La perspicacité de ce professionnel des médias laisse pantois. Une telle jugeote mérite un prix, pour la gloire du manque cruel de vision de la part des cadres du métier. Quelle déprime …
Et en même temps, quelle belle fortune se profilant à l’horizon ! De nouveaux espoirs pour le journalisme tapent à la porte, allant vers davantage de reportages, et même de meilleurs reportages, ce que vous semblez vouloir… Ya plus qu’à, comme dirait l’autre.
Il ne manque que vous, et d’autres comme vous, revenant de là-bas, se décidant à (re)créer ici les modèles d’un journalisme plus frais, plus humain, et surtout moins abrutissant. Parce qu’au fond, votre diplôme et votre carte, est-ce seulement avoir le droit d’exercer dans de bonnes conditions ? N’est-ce pas, aussi, et, à présent, avant tout, prendre conscience d’un devoir de renouveler en profondeur les conditions du journalisme ?
Parce que s’il y a bien un moment pour rêver la profession, c’est maintenant. Il s’agit d’écrire l’histoire du journalisme, pour à nouveau raconter l’histoire du monde au monde…
3 Mai 2015 at 11:56
Emouvant et si réel. Pas seulement à Beyrouth.
La mort d’un métier totalement dévalorisé, de monétiser.
Bob, traiter AR de naïve est insultant. Elle avait, juste, la foi dans ce fichu métier si prodigieux mais étouffé par l’émergence de l’écriture télévisuelle, la marchandisation, la communication, pour tout achever, par un journalisme – citoyen indéfinissable et surtout gratis
3 Mai 2015 at 11:58
Trahi par le correcteur automatique demonetise est devenu autre
3 Mai 2015 at 11:59
Emouvant et si réel. Pas seulement à Beyrouth.
La mort d’un métier totalement dévalorisé, demonétisé
Bob, traiter AR de naïve est insultant. Elle avait, juste, la foi dans ce fichu métier si prodigieux mais étouffé par l’émergence de l’écriture télévisuelle, la marchandisation, la communication, pour tout achever, par un journalisme – citoyen indéfinissable et surtout gratis
3 Mai 2015 at 1:35
Chère Anaïs,
Il est toujours utile de situer des vérités que d’autres taisent car leur conformisme, leur manque de curiosité sur les drames que d’autres vivent et relatent les aveuglent, et en font de vils greffiers de l’actualité. Vous avez choisi un chemin inverse, et c’est là la noblesse de votre choix. Certains vous trouvent courageuse et d’autres considèrent que » vous avez rêvé votre métier ». Courageuse, oui, mais simplement car vous avez rêvé votre métier. Vous faîtes partie de ces journalistes qui, à l’instar de Camus ont mesuré l’importance d’affronter la complexité et de se conduire comme « des historiens de l’instant ». Ce que vous avez fait au Liban, lui l’a fait aux pires moments de la colonisation en écrivant une série de grands reportages en Kabylie pour dévoiler la misère des populations de cette région alors qu’à Alger, les pouvoirs en place et certains commentateurs cachaient la réalité.
Bon courage pour la suite.
Richard
3 Mai 2015 at 11:06
Loin de moi l’idée d’insulter cette jeune femme je ne vois pas ce que la naïveté revêt d’insultant sinon dans l’esprit de celui qui l’interprète comme tel.
Quant à Richard je le comprends mais Camus avait en face de lui des gens intelligents pour le publier, des supports prêts à se mouiller !
Aujourd’hui ce métier pourrit par la tête …
Enfin je réitère mon idée d’un numerus clausus dans les écoles de journalistes
4 Mai 2015 at 12:15
je suis attachée de presse depuis 25 ans. un quart de siècle donc et beaucoup de temps passé à vous demander ,à vous adresser des informations. Vous ? oui les journalistes. Ou même à travailler de concert avec les reporters et les correspondants locaux. A passer des heures à vous expliquer les réalités de ce que nous traversons parce que je suis aussi l’une de vos sources. tantôt communicante, tantot auxilliaire d’informations . Beaucoup l’oublient. Nous ne donnons pas seulement des informations pour des lobbies mais aussi pour faire connaitre une situation, un drame, faire sursauter et bouger les consciences… et parfois oui nous communiquons aussi. Mais durant ces 25 ans, j’ai toujours pensé que le journaliste lui était là pour rétablir la juste balance. Cousins germains pas toujours amis mais certainement pas ennemis. Et Je vous vois jeunes ou moins jeunes journalistes à vous bagarrer contre vos rédactions, à vouloir coûte que coûte faire votre métier et à vivre chichement pour beaucoup d’entre vous… Tout comme je vois notre métier changer, évoluer et bon nombre d’entre nous vivre tout aussi mal dans la précarité.
Deux faces d’une même pièce, autrefois au service de l’information surtout quand l’intérêt général était en jeu… Aujourd’hui au service de l’Urgence et souvent de l’audience… et de quelque chose d’autre , une bête hybride que je ne saurais vraiment nommer. Il vous reste, dites vous, à réinventer la manière de faire votre métier , et je vous remercie pour ce beau texte. Ce témoignage d’années vécues avec le journalisme comme sacerdoce. Naive ou non mais engagée. le plus beau des mots : l’engagement. Belle route à vous.
Mapy
4 Mai 2015 at 12:24
Pour ce qui me concerne, cela fait vingt-cinq ans que j’ai cessé la correspondance de grands médias français, et depuis vingt ans (peu après la Guerre du Golfe et peu avant l’arrivée de l’Internet en France) que je constate une lente dégradation des médias. Lente mais permanente, persistante, puis aggravée après les attentats de 2001 et la prolifération du tout info.
Il faut « réinventer » l’information. Avec de gros guillemets, car en fait il convient à mon sens de travailler de nouveau comme autrefois. Mais dans ce cas il devient impossible de ne vivre que du journalisme. Travailler avec passion sur une thématique ou une région précise ne permet plus de se loger, de payer ses factures, et de vivre décemment.
4 Mai 2015 at 12:32
Ce que je viens de lire me donne envie de poursuivre. Par tous les moyens légaux et disponibles de relever le défi : continuer à donner de la bonne info, se battre, ne pas baisser les bras.
Bon courage Anaïs, et Youness. J’espère avoir de vos nouvelles bientôt, pouvoir vous aider pour créer de nouveaux supports ou encore piger pour vous.
Philippe Engerbeau 06.48.27.33.99
4 Mai 2015 at 3:17
Bonjour Anaïs,
Si vous avez quelques minutes, j’ai posté un texte sur la condition des pigistes : http://www.acrimed.org/rubrique32.html, c’est le premier de la liste : « pigistes de tous les pays…. ». Je pense que cela vous parlera. Bonne continuation. Patricia
4 Mai 2015 at 5:29
A reblogué ceci sur Mounira Al Hmoudet a ajouté:
La dure realite des pigistes et freelance a l’etranger …. Merci Anais.
4 Mai 2015 at 7:22
Je suis hélas d’accord avec tout ce que vous dites; J’ai été correspondant en Ex-Yougoslavie et n’ai pu que constater le désintérêt grandissant des médias pour l’international, dans les régions « à problèmes » et leur lent glissement vers la facilité (les dépêches d’agences) J’ai fini par rentrer en 2009, non sans avoir été à Beyrouth, pour voir si…
Bonne chance pour la suite!
5 Mai 2015 at 11:54
En tant que future journaliste, reporter, passionnée de Moyen-Orient et souhaitant quitter la France au plus vite afin d’aller « sur le terrain », et de commencer par Beyrouth, cet article m’attriste. Tout ce que je me cachais, ce que je refusais de croire, car j’ai la « niac » du métier, la passion et l’envie me sautent aujourd’hui aux yeux. Cependant, je n’abandonnerai pas. Merci pour ce coup de gueule partagé, pour une vision plus réaliste des correspondants à l’étranger, et de rappeler le boulot fantastique que vous faites au jour le jour. Merci.
6 Mai 2015 at 1:31
Salut Anais. J’ai 27 ans, je vis exactement la même situation au Vénézuéla, où je suis arrivé comme toi il y a trois ans. Ton post me rassure, nous sommes bien donc tous dans la même situation. Pour moi en presse écrite c’est pire et mon principal client est Libération, qui réduit la voilure à vitesse grand V… Il est bon de pousser un coup de gueule, les gens (citoyens, entreprises, associations etc) doivent savoir ce qu’ils vont perdre avec le départ de très nombreux correspondants : une information plurale (pas que l’AFP et Reuters), vérifiée et de bonne foi (il faut être vraiment passionné pour être pigiste à l’étranger en ce moment). Pour obtenir la carte de presse la commission m’a demandé de gagner minimum 800€/mois en 2015, contre 600€/3mois auparavant. Non seulement cela est absurde car normalement c’est en gagnant 51% de ses revenus en tant que journaliste qu’on accède au statut, mais en plus cela va nous pousser à produire de l’information de moins en moins bonne et en prenant de plus en plus de risques pour arriver au quota (sans carte de presse les médias ne payent pas, c’est le serpent qui se mord la queue). Camille Lepage n’est pas la dernière d’entre nous à avoir risqué sa vie pour 100 euros alors que les envoyés spéciaux payés 4000€/mois repartent tranquillement à Paris. Si la commission veut réduire la taille de l’armée de réserve journalistique, qu’elle ferme des écoles plutôt que de pousser vers la sortie des journalistes qui exposent toute leur jeunesse au service de la justice et de la vérité.
Il y a des solutions. Plutôt que de faire tomber le couperet de la crise sur leurs intérimaires comme n’importe quelle entreprise à but lucratif le fait en période de crise, les médias français pourraient chercher à réduire les gros salaires pour conserver leurs pigistes. Ce ne serait pas grand chose mais psychologiquement cela aiderait, pour ma part je me sens chaque semaine un peu plus abandonné par ces grandes rédactions avec qui j’ai tant travaillé et pour lesquelles j’ai tant de fois risqué ma vie. Les grands médias pourraient également arrêter d’envoyer des envoyés spéciaux pendant un an par exemple pour nous laisser travailler. Je comprends que les grands reporters aiment voyager, mais ils vont produire avec 4000 € (avion, hotel, taxis) autant que nous avec 400. Les grands médias pourraient mettre un peu moins d’argent dans le suivi de l’actu chaude sensationnaliste et un peu plus dans les reportages qui permettent aux gens de réfléchir.
Le monde médiatique français a fait le choix de la rigueur plutôt que de la relance. Jusqu’ici nous étions des bonnes poires mais comme toi Anais je n’ai pas envie de devenir un pigeon. Et un journaliste de moins, un !
Simon Pellet Recht
6 Mai 2015 at 11:06
Ce qui serait bien, c’est que nous nous réunissions, nous les pigistes, pour rédiger un manifeste à envoyer aux rédactions, et aux organisations professionnelles avec un maximum de signatures. Avant qu’il ne soit trop tard et que tous les pigistes écoeurés, surtout les plus jeunes, ne délaissent ce métier. Car si nous nous taisons, rien ne va s’arranger. Je l’ai fait de façon individuelle sur le site de l’Acrimed, mais cela est loin d’être une tribune suffisante.
6 Mai 2015 at 12:01
Mais ce n’est pas un probleme de pigiste ou de telle ou telle corporation ! C’est un probleme de société global qui attend une réponse globale ! C’est la déroute du travail en général ! La victoire de l’individualisation du traitement des gens et l’absence de réponse collective . Le fascisme imposé aux esprits est en marche et bientôt prendra corps dans tous les rouages de notre vie . Il faut être aveugle ou con pour ne pas voir que l’education à la réflexion est un obstacle au triomphe de la société des marchands . La réflexion est devenue suspecte, subversive ! Toute résistance ne pourra exister dans l’individualisme.. Ensemble seulement nous pourrons contrer la continuelle restriction de nos libertés. Mais il faudra du temps pour que les gens repensent collectif .
6 Mai 2015 at 1:08
J’ai été touché par le récit fait par Anaïs comme ensuite par les réactions de plusieurs commentateurs. Ils confirment pour la plupart l’état de servitude dans lequel certaines rédactions placent leurs collaborateurs souvent les plus actifs, car sur le terrain.
Je n’ai pas votre jeunesse ni votre fraîcheur de vue sur ce métier, ni connu les mêmes calvaires. J’ai été longtemps représentant des freelances au comité de l’association de presse regroupée autour des institutions européennes et je peux témoigner de tout ce que j’ai vu, lu et entendu. Vivre en freelance est et a été toujours difficile, même si cela n’a pas toujours été ainsi, ni aussi alarmant. Les années 70 et 80 ont été des âges d’or. L’avènement des « bulletins » et des « newsletters » avait drainé une forte activité relativement rentable. Mais depuis quinze ou vingt ans, la situation s’est nettement dégradée.
J’ose le dire, il y a une réelle « prolétarisation » dans une fonction qui perd son prestige autant que ses moyens et, aussi, qui a perdu la boussole. Le cap n’est plus clair. Qui sont les lecteurs, que vaut l’information recherchée et fournie. Est-elle encore « vendable ?» et à quel prix ? Comment est jugée « bonne » une information : doit-elle être la plus exacte, la plus crédible, la plus « recoupée », celle qui génère le récit d’une expérience « exemplaire » ou sommes-nous de plus en plus concentrés sur le « m’as-tu-vu », les paillettes, le « buzz ». Dans cette évolution, le « cul de la Princesse » est plus « rentable » que mille morts au Népal ou les millions d’Africains face à Ebola.
Je fais peut-être long dans mon explication, mais c’est, en partie, pour répondre à Simon Pellet-recht et d’autres qui proposent une quasi action syndicale. La réalité est que les rédactions n’en peuvent rien. Le marché a changé, pour eux comme pour les indépendants, pour tous les journalistes en fait. Le métier a changé.
« Y a-t-il quelqu’un qui a été violé et qui parle français ? ». Vous souvenez-vous de cela. C’était un livre, sorti il y a plus d’une trentaine d’années. Il évoquait le rush de « blancs » fuyant le Congo (d’avant le Zaïre) entassés à l’aéroport de Kinshasa. Les reporters, radio et télé, à l’époque, se souciant peu de l’état du pays en ébullition, ne cherchaient que du « sensationnel » à fourguer, du « vendable », du « sexy ». Cette tendance ne surprend plus aujourd’hui. Nabila peut volontiers se placer à égalité avec d’Ormesson dans le traitement média. Stevie aussi, pour faire dans la parité.
Le plus est qu’aujourd’hui les rédactions n’ont plus les moyens, du moins des moyens pour l’information. « L’entertainement », l’infotainement, l’info-comm, l’info promotionnelle, où ces chaines d’info continue qui conduisent à « l’infobésité ». De plus les agences de presse suppléent volontiers en fournissent « en gros », du McDo livré à ta porte. Et je l’ai constaté, dans les domaines qui sont les miens, les agences se bornent souvent à répéter presque, paragraphe par paragraphe, des dépêches réordonnées, sorties de la documentation et des archives. L’info n’est plus que lego. Internet l’a wikipediasée à outrance.
Que faire ? L’info est morte, une certaine info. L’info ne vaut plus rien c’est pourquoi elle est si mal payée, très peu valorisée.
Il faut bien sûr trouver un nouveau « modèle économique ». Peut-être aussi aller non pas vers le « syndical » mais vers le « coopératif ». Créer des agences mutualistes, « collaboratives », dirait-on aujourd’hui. Je n’ai personnellement cessé de plaider autour de moi pour y aller, même si je suis de moins en moins concerné. Mais il faut s’attendre à se trouver confronté au principal défaut de « l’indépendant ». Il est individualiste.
Mais ce qui serait bien à mon avis serait d’initier une réflexion générale et d’en débattre avant de se lancer dans des voix probablement abandonnées. Et se donner un objectif, sortir une sorte de « livre blanc ».
Si un « débrouillard » pouvait créer un groupe ou un blog pour concentrer ce débat. Il y a ce blog mais Anaïs n’a peut-être pas envie de le consacrer à ce seul thème.
Je peux en proposer un sur Facebook.
6 Mai 2015 at 2:46
Le titre précis des mémoires de Edward Behr est « Y a-t-il ici quelqu’un qui a été violé et qui parle anglais? ».
Sorti à la fin des années 70, c’était ma première lecture obligée en arrivant en 1982 à l’IUTde journalisme. Puis, comme je l’expliquais récemment à une doctorante qui finit sa thèse sur le traitement de l’information d’urgence au Québec et en France, ma deuxième lecture fut « Spleen en Corrèze ». Le Tillinac est un excellent complément du Behr, pour qui se destine à l’écrit, et notamment pour qui aspire à ne pas vivre le cul posé dans un bureau du siège d’un journal…
Edward Behr, qui aurait eu 90 ans demain s’il n’était point décédé subitement en 2007, était le président d’honneur du Festival du scoop d’Angers: un festival lui aussi prématurément mort -étouffé financièrement par ceux qui n’en avaient que faire- alors que Behr n’était plus là pour le défendre.
6 Mai 2015 at 2:56
Peu importe les collectifs et autres bonnes volontés !! C’est l éditeur , le diffuseur qui font la loi ! Vous pourrez créer tous les collectifs que vous voulez si il n’y a personne pour imprimer ou diffuser vos histoires c’est peine perdue. Créer un diffuseur autonome… A moins d’être plenel pas facile ….
6 Mai 2015 at 4:09
Bonjour Fathibxl. Bonne idée le groupe Facebook pour regrouper et échanger des idées, car ici c’est difficile de tous se regrouper et de suivre instantanément les discussions. Si vous le souhaitez on peut échanger par mail aussi : anais.renevier@gmail.
J’en profite pour remercier ceux qui ont posté ici des messages de soutien, et ceux qui donnent des pistes pour proposer des pistes et des solutions. Mon billet pose des questions pour lesquelles je n’ai malheureusement pas de réponse, mais je serai ravie d’échanger sur le sujet.
6 Mai 2015 at 4:19
Anaïs,
Parmi les pistes à peut-être explorer, la solution coopérative me semble bonne. Je pense à cet exemple que j’ai, ici au Québec, avec Ensemble http://www.journalensemble.coop qui contient des sujets gratuits, des sujets payants (ou réservés aux abonnés) et une possibilité de faire un don.
Rien n’empêche d’adapter ce modèle (essentiellement local) à un support plus mondial, même sans le faire exhaustif.
Je suis nul en technique, ne me suis mis à l’écriture web qu’en 2006, mais je suis persuadé qu’avec des jeunes comme toi et des plus anciens comme moi il est possible de faire quelque chose, à condition d’avoir évidemment un bon support technique.
Tu dois avoir l’une de mes adresses courriel. N’hésite pas si besoin…
6 Mai 2015 at 3:34
Bonjour Anaïs, je suis aussi journaliste et réalisateur de documentaire (je termine enfin le deuxième!), je cherche une binôme pour proposer des reportages mag. Pas d’actu chaude, plutôt du rebond. Le genre de reportage qui laisse un peu de place pour expliquer sans être (trop) harceler par des urgences de timing. Il y a des agences qui sont preneuses de sujets et je suis certain que tu as des tas d’histoires sous le coude de retour du Liban. Cédric Mané Mon mel: ced504@free.fr . Optimisme et enthousiasme!
6 Mai 2015 at 5:18
Il existe une plate-forme coopérative internationale pour pigistes qui a d’ailleurs son siège au Liban (transterramedia) mais sur le fond cela ne change rien, nous n’allons pas révolutionner le système comme le dit si bien Fathibxl. Beaucoup d’entre nous vont jeter l’éponge, la crise le veut. Mais pour ceux qui restent nous pouvons pousser un bon coup de gueule pour que les journalistes en CDI se rendent réellement compte de notre situation psychologique, sans même parler de la financière. En France comme à l’étranger les pigistes ont trop souvent l’impression de se décarcasser pour remplir les canaux d’info de grands médias sans autre retour que des clopinettes, de l’indifférence ou des coups de pieds au cul. Puisque nous ne pouvons pas nous permettre un billet d’avion pour manifester à Paris avec les masques blancs des stagiaires ou ceux des anonymous, je propose que nous écrivions un coup de gueule à plusieurs mains pour ensuite le faire signer par les pigistes qui le souhaitent et le transmettre à toutes les rédactions françaises avec lesquelles nous travaillons. Au moins les rédacteurs en chef ne pourront plus se servir de nous puis faire semblant de ne pas savoir et soigneront un peu plus leurs prochains mails. Un petit « bonjour » n’a jamais fait de mal. Je viens de créer rapidement un groupe facebook « Pigistes en colère » pour que l’idée ne reste pas en l’air. Je ne suis vraiment pas un geek de facebook et je ne tiens pas à être le seul administrateur, mais bon pour le moment le but est de nous retrouver sur une plateforme. Pigistes de tous pays, unissez vous sur facebook ! https://www.facebook.com/groups/658779940890581/
6 Mai 2015 at 5:19
Je peux créer le groupe Facebook et le « manager ». Je me propose mais si qq d’autre le veut.
référendum express : quel titre ?
– association Freelances medias
– Serfs média ?
– Soutiers Press Association SPA ?
– Prolétaires Press & medias
– etc.
6 Mai 2015 at 5:23
Simon a déjà créé « Pigistes en colère ».
Mais rien n’empêche de rebaptiser en « Les forçats de l’info », en référence à ce qui avait été publié il y a six ans déjà http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2009/05/25/les-forcats-de-l-info_1197692_3236.html
12 Mai 2015 at 1:06
Pardon si je contredis, mais je ne voterais pas pour les « forçats de l’info » comme nom du groupe. Il y a un côté passif, les forçats subissent et se plaignent. Et geindre n’est pas le but. Ce ne serait pas le message à livrer urbi et orbi. Il faut, je pense, trouver une autre dénomination plus volontariste, moins « vaincu(e)s par le sort », et moins désespérée d’apparence ou ….désespérante.
L’idée serait d’imaginer une – ou des réactions – comme par exemple celle du Québec, http://www.journalensemble.coop déjà citée par Mistermenilmuche, je crois. Pourquoi ne pas s’informer à leur sujet. Et ce n’est sûrement pas l’unique expérience. S’informer. Répertorier et décrire. Chacun selon ses disponibilités et son savoir.
Il faut ouvrir une réflexion sur les quelques thèmes suivants:
1 – comment fonctionner en groupe tout en sauvegardant son autonomie particulière ? « Chacun pour soi, le groupe pour tous ».
2 – quelles synergies (rédactionnelles et promotionnelles) et quelles particularités ? Profiter de l’apport du groupe sans en être étouffé ou prisonnier.
3 – un « fil info » commun ou le tronc commun qui ne serait que « carte de visite » ?
Les deux peuvent coexister ? Mais comment ?
4 – quel fonctionnement collectif et individuel ? Besoin de règles de fonctionnement, même d’un discours sur la méthode minimal.
5 – quels outils ? (informatiques évidemment, seul moyen d’abolir les distances) ? Affiner leur définition après détermination des besoins. Et non l’inverse.
6 – comment financer et faire vivre le « pot commun » ? HAHAHA
7 – comment organiser le rendement (la rétribution de chacun, selon son taux de participation à l’activité collective/mutualisée ?
8 – quelle gouvernance ? (de préférence sans « président/e » de type Rober Ménard/ gestion du vedettariat)
9 – Une « loi » commune ? (règlement intérieur ? mode d’emploi agréé ? (adhésion ? arbitrage ? Sortie ? Expulsion ? (La base sera la déontologie mais décider si ce sera la déontologie de la presse écrite, de la télé ou des réseaux sociaux 🙂 )
10 –
Il y a de la réflexion à produire.
12 Mai 2015 at 1:24
@fathibxl Ce que tu décris ressemble terriblement à une agence de presse collaborative.Type Gamma dans les années 70. Ce modele pourrait peut-être fonctionner pour le texte. La difficulté encore une fois n’est pas de produire de l’info de qualité mais de la vendre . Non seulement c’est un autre métier mais il faut que les clients existent. Question subsidiaire, si les clients n’existent pas, comment les créer ?
12 Mai 2015 at 7:52
intéressant
http://www.presse-papiers.org/pigistes-de-france-et-de-navarre
L’association Profession : Pigiste organise ses prochaines « 48h de la Pige » les 2 et 3 juillet à Strasbourg. Cette 5e édition rassemblera des professionnels de l’information originaires de toute l’Europe. Près de 500 participants y sont attendus. Renseignements et inscriptions très bientôt sur le site dédié à l’événement.
13 Mai 2015 at 6:46
merci pour le lien, le programme a l’air vraiment intéressant, je me suis inscrite.
12 Mai 2015 at 2:02
C’est une première réponse, ou plutôt une simple réaction. Elle alimente en tout cas la réflexion. Et ce n’est encore qu’une réplique au point .1 Elle induit une question supplémentaire.
– quels sont les supports privilégiés aujourd’hui ?
– La baisse des ventes de journaux écrits est-elle à prendre en compte ?
– où vont les télés à l’ère du numérique ?
– Où les lecteurs/télésp puisent-ils leurs infos ?
– L’émergence d’une presse dit associative ? gratis pro deo généralement. L’exemple tunisien, même à une échelle moindre que la France ou l’Europe, a révélé une floraison de médias associatifs, est à observer et c’est ce qui a permis ce que l’on appelle improprement le « printemps arabe ». Foisonnante, accessible, crédibilité à la limite, déontologiquement douteuse, équipe rédactionnelle minimale jouant plus du copier/coller que de produire du frais et de l’original, mais visitée, lue et de plus en présente sur la scène mais mais gratuite. Même les journaux jouent sur ce plan. Exemple Libé qui assure une plus grande présence par la multiplication de blogs, individuels et même parfois un peu « artistiques » de leurs collaborateurs. Un de ceux-ci a avoué qu’il était plus lu et suivi sur son blog que dans les pages de son journal (d’ailleurs en crise permanente). Croyez-vous que leurs correspondants ne soient pas des soutiers. Pas seulement Libé.
Nous revenons en fait au point de départ : la crise est-elle celle des journalistes freelances ou celle des médias et plus encore du journalisme. Le profil a changé.
La réflexion est sans limite. Je suis convaincu qu’il ne faut plus, dans ce métier, se référer à ce qui existe ou a existé. le « cahier des charges » n’est plus le même. « Inventer », mais avant, bien déterminer les besoins et les contraintes. En gros, se poser la question: – j’aime ce métier, -je veux le poursuivre. – Qu’est-ce que je veux ? Qu’Est-ce que je ne veux pas ? Comment ?
13 Mai 2015 at 6:46
Que pensez-vous de partager ces réflexions sur la page Facebook? Le débat y serait sûrement plus actif.
13 Mai 2015 at 7:06
Sauf pour les gens qui n’ont pas de page Facebook ….
13 Mai 2015 at 7:16
Anaïs,
Il me semble évident que certains éléments de « chez toi » peuvent être déversés dans la page FB, même si -comme le fait remarquer Bob- tout le monde n’est pas sur Facebook.
Les deux choses sont complémentaires, de même qu’il y a probablement dans le groupe FB des gens qui n’ont jamais mis les yeux sur ton blogue…
Bonne fin de journée à ceux qui sont à l’est de Paris. Ici, il est midi, grand soleil, le printemps (frais) commence.
13 Mai 2015 at 7:06
Si si ça existe !
10 juin 2015 at 3:30
Ben oui Anaïs notre métier n’est plus ce qu’il a été. J’ai eu la chance de l’apprendre très jeune, presque une vocation comme celle d’entrer dans l’humanitaire pour certains, je dirais aujourd’hui pour changer le monde. Mais le monde ne changera pas par contre tu peux changer de métier; je l’ai fait, après dix ans de bons et loyaux services, et c’était le bon choix . Ton savoir faire en la matière restera toujours avec toi; parfois ce sera un lourd handicap car pour travailler en entreprise il faut savoir garder certains secrets . Nous on aime donner de l’information et ce n’est plus suffisant pour en vivre, enfin un certain genre d’information, les nôtres….
Je suis passé de la typo à l »offset, du bélinographe au fax et du stylo aux bytes, qui sait ce qu’il y aura aura dans dix ans pour faire le métier. Mais ton savoir faire restera et tu pourras toujours le remettre en pratique.
Hier ma petite fille m’a dit vouloir être journaliste, je ne lui ai pas déconseillé surtout qu’elle s’est inscrite pour le latin
15 juillet 2015 at 12:46
Salut,
j’ai lu avec curiosité ton billet, très intéressant et triste également. Il dépeint un quotidien difficile, une profession en crise et un métier passion de moins en moins reconnu… et me rappelle mon métier, architecte, dans la même situation (sans les hélicos en Syrie certes). Faute de reconnaissance, notre société nous boude. Faute d’adaptabilité intelligente (et non soumise aux « grands » Vinci Bouygues Eiffage) nous nous effaçons. Faute d’organisation nous nous répétons (souvent dans l’entre-soi + qq proches). Faute de communication nous sommes isolés et invisible aux yeux des autres.
A l’heure d’internet, des groupes, des think tank etc, peut être faudrait il vous bouger, choper le taureau par les cornes et vous réinventer ? C’est ce que nous faisons nous archis en disparition sur différents groupes et blogs. Réinventer la formation en école, le rapport aux clients (comment les reconquérir sans passer par la loi, dur !), le rapports à l’acte de construire, les qualités que peuvent offrir nos compétences face à la promotion immobilières impersonnelle et cheap, pointer nos faiblesses de communiquant afin de nous redéfinir dans la société, nous constructeurs de toits pour l’Homme.
Bref tu m’as surement comprise, rassemblez-vous, discutez, engueulez-vous, débattez, écrivez tous pour en garder une trace et le classer, y revenir… Analyser votre situation, ses + et ses -, ce qui devrait changer dans TOUT (étude, facturation, lois, et que sais-je encore) et redessiner votre profession, la masse fera avancer les choses après quelques temps et de rudes batailles ! Mais tu as vu pire !
Un exemple de réflexion de groupes envoyées depuis à Fleur Pelerin, p.69 du pdf
http://www.culturecommunication.gouv.fr/Ressources/Rapports/Strategie-nationale-pour-l-architecture
Courage !
JG
8 août 2015 at 11:55
Le pigiste que j’ai été -dans les Alpes françaises- durant toute ma vie professionnelle, pour des media TV, radios et écrits, porté que j’étais par une passion pour ce métier de journaliste est effaré par ce témoignage de démobilisation. Les temps auraient-ils changé à ce point pour générer de tels commentaires défaitistes ? Certes la situation des correspondants à l’étranger ne peut pas être comparée à celle -à priori- plus confortable sécuritairement des résidents français. Reste que, pour moi, être journaliste -pigiste ou non- est… « le plus beau métier du monde »… et une véritable vocation.
4 mars 2016 at 7:31
En plus d’être visiblement une journaliste curieuse, consciencieuse, ouverte et sympathique, tu as une jolie plume. Ton billet se lit d’une traite. Il est pesé, réfléchi et bien torché. Bravo !